Chat sauvage (Felis silvestris)

Le chat sauvage (Felis silvestris) est une espèce de félins du genre Felis. Présent dans divers types d’habitats, son aire de répartition couvre l’Europe, l’Asie occidentale et l’Afrique. De taille moyenne à petite, son aspect est très variable selon les sous-espèces, mais en général la robe est brune avec des rayures noires.

L’espèce, autrefois découpée en plus d’une vingtaine de sous-espèces, a été ramenée par des études menées en 2007 à seulement six sous-espèces distinctes, dont la plus commune est le chat domestique

Le terme « chat sauvage » est aussi utilisé dans certaines régions pour désigner plus largement un animal non domestique ressemblant à un chat, mais n’appartenant pas forcément à l’espèce Felis silvestris. Au Canada, par exemple, « chat sauvage » peut désigner un lynx roux ou un raton laveur.

Évolution

Le Chat sauvage appartient au genre Felis. Il partage un ancêtre commun avec les quatre autres félins de son clade : le Chat de la jungle, le Chat à pieds noirs, le Chat des sables et le Chat domestique. Des travaux effectués sur l’ADN en 2006 et 2007, effectués sur les chromosomes sexuels et l’ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que la lignée du Chat domestique (Felis silvestris catus) a vraisemblablement divergé il y a 3,4 Ma, au Pliocène, dans les déserts et les forêts denses du bassin méditerranéen.

Arbre phylogénétique du genre Felis :

  • Felis
    • Felis chaus – Chat de la jungle
      • Felis nigripes – Chat à pieds noirs
        • Felis margarita – Chat des sables
          • Felis silvestrisChat sauvage
            • Felis silvestris catus – Chat domestique

 

Sous-espèces

La taxinomie de cette espèce reste très discutée : à titre d’exemple, selon les auteurs, le Chat domestique et le Chat de Biet peuvent prendre le statut de sous-espèces de Felis silvestris ou d’espèces séparées. L’espèce Felis silvestris peut ainsi regrouper jusqu’à une vingtaine de sous-espèces, tandis que d’autres auteurs ne reconnaissent que deux sous-espèces sauvages (Felis silvestris silvestris et Felis silvestris lybica). Cependant, une étude menée en 2007 a conduit au regroupement de ces multiples divisions en six sous-espèces bien distinctes, à présent reconnues par diverses références scientifiques telles que l’UICN ou NCBI :

  • Chat ganté (Felis silvestris lybica) Forster, 1780 (Afrique du Nord, Moyen-Orient et Asie occidentale, jusqu’à la mer d’Aral).
  • Felis silvestris cafra Desmarest, 1822 (Afrique australe – certains auteurs le considèrent comme une espèce à part).
  • Felis silvestris ornata Gray, 1830 (Pakistan, Nord-Est de l’Inde, Mongolie et Nord de la Chine).
  • Felis silvestris bieti Milne-Edwards, 1872 (Chine)
  • Chat forestier (Felis silvestris silvestris) Schreber, 1775 (Europe et Turquie)
  • Chat domestique (Felis silvestris catus) Linneaus, 1758, issu de la domestication du chat ganté

Le statut de certaines sous-espèces est toutefois toujours débattu, notamment Felis silvestris bieti pour lequel des études complémentaires (génétiques notamment) doivent être mises en œuvre. On considère également que Felis silvestris lybica est monophylétique avec Felis silvestris catus.
Le chat domestique est d’ailleurs bien souvent mis à l’écart, peut-être parce qu’il ne s’agit pas d’une sous-espèce naturelle, mais des phénomènes d’hybridation, introgression et pollution génétique sont à prendre en compte et commencent à pouvoir l’être par les progrès de la génomique de ces espèces.

Le chat domestique (Felis silvestris catus)

Article détaillé : Chat domestique.

À ces sous-espèces naturelles, il faut ajouter le chat domestique, Felis silvestris catus.

On a donné aux chats domestiques le nom scientifique de Felis catus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie évolutive. Avec l’apparition de celle-ci, l’étroite relation entre races domestiques et sauvages a été reconnue. À ce titre, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.

En effet, selon Ernst Mayr « une espèce est une communauté reproductive de populations (isolée au plan reproductif d’autres communautés) ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l’occasion. Ainsi, « vu que, du moins en ce qui concerne les races d’animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d’animaux domestiques en tant qu’espèces propres n’est pas acceptable. C’est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces ». On a alors proposé le nom scientifique de Felis silvestris catus.

Certains biologistes sont même réticents à utiliser la notion de sous-espèces pour un groupe domestiqué. D’un point de vue évolutif, l’idée d’espèce ou de sous-espèce est en effet liée à l’idée de sélection naturelle et non de sélection artificielle. Du fait de cette réticence et « depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation forma, abrégée f, qui exprime clairement qu’il s’agit d’une forme d’animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu’à diverses sous-espèces sauvages ». Il faut alors parler de Felis sylvestris forma catus.

Au-delà de ces questions de terminologie, les chats domestiques et les chats sauvages font partie de la même espèce, puisqu’ils se croisent sans problème, du moins quand ils fréquentent les mêmes territoires, ce qui peut être le cas avec des chats domestiques retournés à la vie sauvage, dits « chats harets » ou chats marrons.

Le chat forestier (Felis silvestris silvestris)

Article détaillé : Felis silvestris silvestris.

Le chat sauvage d’Europe habite dans les forêts d’Europe de l’Est, d’Europe centrale et d’Europe de l’Ouest, aussi bien en Écosse qu’en Turquie. Il n’est cependant pas présent, ni en Scandinavie, ni en Islande, ni en Angleterre, ni au Pays de Galles, ni en Irlande. Il est plus grand que le chat d’Afrique ou le chat domestique. Sa fourrure épaisse et sa taille permettent de le distinguer, il ne devrait normalement pas être confondu avec un chat domestique.

Les chats sauvages étaient nombreux en Europe au Pléistocène ; quand la glace a disparu, ils se sont révélés adaptés à une vie dans les forêts denses. Contrairement aux chats domestiques, ils sont en activité pendant la journée.

Les chats sauvages sont extrêmement timides. Ils évitent de s’approcher des humains. Ils vivent en solitaire et tiennent un territoire d’environ 3 km2 chacun. Ils sont devenus très rares dans les pays européens. Bien qu’étant des animaux protégés, ils sont encore pris pour cibles par des chasseurs qui les prennent pour des chats harets. En Écosse, le croisement avec des chats domestiques est également une menace pour la population de chats sauvages.

Le chat sauvage a l’habitude de marquer son territoire à l’aide de ses griffes sur des troncs d’arbres ou d’arbustes debout ou couchés. Il choisit généralement des arbres à l’écorce fibreuse. Si le sureau noir a souvent sa préférence, il ne dédaigne pas les jeunes résineux et les lilas. L’écorce est dilacérée sur une hauteur de 30 à 40 cm et s’effiloche au fil du temps car le chat revient régulièrement au même endroit. Il est important que ses griffes restent aiguës et tranchantes, c’est pourquoi la partie externe de l’enveloppe cornée s’exfolie. En observant bien au pied de l’arbre lacéré, on peut trouver des morceaux de griffes.

Le chat forestier est considéré comme menacé au niveau européen et, depuis les années 1970, c’est une espèce protégée sur l’ensemble de son aire de répartition. Pour conserver le chat sauvage, il faut protéger l’ensemble de son habitat : forêts, bosquets, haies et prairies.

L’animal n’est pas facile à observer car il évite de s’approcher des humains.

Le chat ganté (Felis silvestris lybica)

Article détaillé : Chat sauvage d’Afrique.

Le Chat sauvage d’Afrique est réparti sur des déserts et des savanes de l’Afrique et de l’Arabie. Il est plus petit que la sous-espèce européenne et a une fourrure plus courte. On pense que le Chat sauvage d’Afrique est l’ancêtre du chat domestique, puisqu’il est plus docile que les chats sauvages d’Europe, et en activité la nuit.

Bien que certaines découvertes laissent à penser que la domestication des chats a eu lieu dès 9000-9500 av. J.-C., seule la présence du chat chez les Égyptiens depuis 4000 av. J.-C. a été prouvée indiscutablement. Cependant, une découverte, en 2004, à Shillourokambos (en) (à Chypre) donne la preuve d’un apprivoisement (sinon d’une domestication) du Chat sauvage 7500 ans av. J.-C.

Aspect, pelage

Si les chats domestiques présentent une grande diversité d’aspects et de couleurs, les chats sauvages sont bruns avec des rayures noires.

Ils mesurent de 50 à 80 centimètres de long, et pèsent de 3 à 6 kilogrammes.

La sous-espèce africaine tend à être plus petite et de pelage plus clair.

Habitat

Le chat forestier a régressé là où la forêt a régressé et a souvent reconstitué ses populations avec la reforestation. Il a cependant besoin de forêts non homogènes. Les études télémétriques ont montré que son lieu de chasse le plus fréquent est la lisières intérieures (clairières) ou extérieures des forêts. Il y chasse des petits mammifères, des oiseaux et d’autres créatures de tailles voisines.

De manière générale, les chats sont des petits prédateurs opportunistes qui peuvent s’adapter à de nombreux habitats : la savane, la forêt et la steppe. Ils évitent les forêts tropicales et les déserts. Le chat domestique (Felis silvestris catus, ou Felis silvestris forma catus) a été introduit sur tous les continents habitables. Certains chats domestiques sont retournés à la vie sauvage : ce sont les chats harets.

Répartition

Il occupait autrefois probablement toute l’Europe, mais son aire de distribution en Europe s’est réduite et est disjointe (de même qu’en France).

Sur le territoire français métropolitain « L’espèce semble avoir été très largement répartie depuis l’Holocène jusqu’au Moyen Âge où ses populations ont commencé à décliner (Say et al., 2011). ». Il a failli disparaitre au XXe siècle, puis ses populations ont lentement remonté.

En 2012, selon le Muséum national d’histoire naturelle de Paris, sa présence est établie de façon certaine dans 44 départements métropolitains mais dans 9 de ces derniers, il est très rare (Léger et al., 2008). Il est moins rare dans les Vosges et le Jura.

Outre en Corse (Arrighi & Salotti, 1988), il est (en 2012) présent dans deux aires disjointes : dans le grand quart nord-est du pays d’une part, et dans la zone pyrénéenne d’autre part (où il n’est cependant régulièrement et significativement observé que dans les piémonts et jusqu’à 1700-1800 mètres d’altitude) ; la même population se prolongeant plus au sud en Espagne et Portugal). Un reliquat de population semble survivre dans le Var (Massif de l’Esterel (ZNIEFF 83189100 de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur)

 

 

foto:Mihai Baciu

 

 

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