Grèbe huppé (Podiceps cristatus)

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Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus) est une espèce d’oiseau aquatique de la famille des Podicipédidés. C’est le plus grand de tous les grèbes. Sa parade nuptiale est connue pour sa complexité.

C’est un grèbe de 46 à 56 cm de longueur avec une envergure de 75 à 90 cm, pesant entre 700 et 1 200 g. C’est le plus grand de la familleAspect général et plumage internuptial

Il n’y a pas de dimorphisme sexuel chez cette espèce. Cet oiseau présente une calotte noire, courte en saison hivernale. Le dos est sombre et les flancs présentent des reflets roux. La poitrine, la gorge, la face et le ventre sont blancs en toute saison, ce qui le distingue du Grèbe jougris. Le cou majoritairement blanc est long et fin, le bec rosé long et pointu en forme de poignard. Ses pattes sombres ont des orteils lobés, comme chez tous les grèbes.

Au printemps, lors de la saison de nidification, les oiseaux des deux sexes sont ornés de touffes de plumes roux orangé à pointes noires sur le côté de la tête, et la calotte de plumes noires s’est développée en une double huppe. Les plumes des joues et des huppes sont érectiles, caractéristique utilisée lors de la parade nuptiale

Les juvéniles sont reconnaissables grâce à des bandes noires sur la tête, les joues et le cou. Ils ne possèdent pas encore de huppe. Leur corps est grisâtre.

Le grèbe n’est pas à l’aise en vol, il lui faut un long élan pour décoller. Il l’est encore moins à terre. Il passe l’essentiel de son temps sur l’eau, nageant ou plongeant.
Il vole assez bas, avec des battements d’ailes rapides, cou et pattes étendus et légèrement tombants. On peut alors voir une large tache blanche sur la partie supérieure et antérieure de l’aile, ainsi qu’un miroir blanc sur la partie postérieure. Lors du vol, il lui arrive souvent d’utiliser ses pattes comme gouvernail

C’est un excellent plongeur, capable de plonger jusqu’à 3 minutes et 20 mètres de profondeur, mais sa profondeur habituelle de plongée est le plus souvent de 4 à 6 m.
Il se nourrit principalement de petits poissons (de 5 à 20 cm généralement) ; il en consomme de 150 à 200 g en moyenne par jour, surtout des cyprinidés (gardons, goujons, ablettes, etc.) mais sa principale proie est la perche. Il mange également des insectes, larves, des crustacés (dont des crevettes en milieu marin), des mollusques et même des grenouilles. Les petits sont tour à tour nourris avec des poissons et des plumes ; les plumes permettent de créer une boule protectrice au fond de l’estomac où les arêtes des poissons sont stoppées pour permettre une digestion plus lente.

Reproduction

Les couples commencent à se former au cœur de l’hiver. La nidification peut commencer dès le mois de janvier si les conditions météorologiques ne sont pas trop rudes, mais elle a généralement lieu entre avril et juillet. Cette espèce est célèbre pour sa parade nuptiale élaborée.

Au cours de cette parade, les partenaires se font face, dressent la tête et la secouent, les plumes de la huppe et des joues érigées. Ils nagent côte à côte en se frottant le cou et en poussant des cris sonores. Ils plongent, réapparaissent, puis s’approchent l’un de l’autre avec des végétaux dans le bec, se dressent poitrine contre poitrine dans l’eau, tournant la tête de droite et de gauche (voir vidéo). Cette parade peut continuer même pendant la construction du nid.

Le nid est généralement un radeau fait de plantes aquatiques, algues et roseaux, rasant la surface de l’eau. Ce nid, reposant sur le fond du plan d’eau, ou flottant et amarré à la végétation, est en général assez peu profond. La femelle pond une couvée par an, parfois deux, de 3 à 5 œufs en moyenne (en fait de 1 à 9) vers mai-juin. Les œufs, blancs à la ponte, brunissent au contact des végétaux en décomposition qui constituent le nid.

L’incubation dure entre 27 et 29 jours, assurée aussi bien par le mâle que par la femelle qui se relaient toutes les une à trois heures; les oeufs sont parfois laissés seuls un moment, mais ils sont alors recouverts de végétaux en décomposition pour les tenir au chaud. Après l’éclosion, les poussins nidifuges, au plumage rayé, sont nourris par les deux parents, qui les transportent souvent sur leur dos. Ils deviennent indépendants à 71 ou 79 jours.

Cet oiseau commence à se reproduire vers l’âge de 2 ans et peut vivre de 10 à 15 ans. Mais le record actuel (2008) de longévité, déterminé par marquage, est détenu par un individu bagué en Russie : 19 ans et 3 mois.

Vocalisations

Cet oiseau bruyant, surtout lors de la parade nuptiale, émet des coassements nasillards (kekekekek) et des croassements au son de crécelle (eeerrrrr). Pour entendre son cri, voir sur cette page (Lien direct).

Répartition et habitat

En Europe, on le trouve partout sauf dans le nord de la Scandinavie. Ceux vivant dans l’est ou au nord de l’Europe migrent vers l’ouest ou le sud. Il vit aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande, et en Afrique équatoriale, de l’est et du sud. Il n’est qu’occasionnel en Afrique de l’Ouest.

Il se reproduit également en Turquie et hiverne sur place, dans l’est de la Méditerranée et en Égypte sur les lacs du delta du Nil et sur le Lac Karoun.

Habitat

Le Grèbe huppé fréquente, l’été, les lacs, les étangs, les marais, les réservoirs artificiels, les ports et plus rarement les rivières paisibles. Il préfère les eaux peu profondes entourées d’une frange de végétation palustre.

L’hiver, les migrateurs se trouvent sur les lagunes et les eaux salées calmes, dans les estuaires, les baies et lesgolfes abrités mais aussi en mer à proximité des côtes. Il y a parfois des rassemblements regroupant des milliers d’oiseaux, par exemple sur l’IJsselmeer (Pays-Bas), sur les lacs suisses (notamment le lac de Neuchâtel) et sur la Mer Noire. Certains de ces oiseaux ont été observés dans des sites fréquentés, comme des parcs urbains ou des ports de plaisance.

Migration

Les populations du nord ou à l’est de son aire de répartition, où le gel fige les plans d’eau, sont migratrices. Elles vont passer l’hiver plus au sud ou à l’ouest, dans des régions plus proches de l’océan Atlantique ou de la mer Méditerranée. Le vol se fait de nuit. Les départs d’automne se font à date variable, selon le climat de la région et les conditions météorologiques ; les retours de printemps ont lieu vers mars ou avril. Ce sont des migrateurs partiels.

Bien qu’elle ne figure pas dans la liste des espèces menacées en Europe, cette espèce est classée dans l’annexe III de la Convention de Berne depuis le 01/03/2002.

L’Agence européenne pour l’environnement considère cette espèce comme sécurisée depuis 1994.

Le Grèbe huppé bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu’il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l’utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l’acheter.

Nom et position systématique

Le terme de grèbe est utilisé depuis au moins le XVIe siècle pour désigner les membres de cette famille d’oiseau. le terme Podiceps est formé de deux mots grecs, podex, le croupion et pes, les pieds, les pattes. Quant à cristatus, c’est un mot latin signifiant crête, aigrette, huppe (ce qui rejoint le nom de grèbe huppé).

Il existe 3 sous-espèces de Grèbe huppé :

  • Podiceps cristatus australis (Gould 1844) : Australie, Nouvelle-Zélande,
  • Podiceps cristatus cristatus (Linnaeus 1758) : nord-ouest de l’Europe, mer Méditerranée, mer Noire, mer Caspienne, est et sud de l’Asie,
  • Podiceps cristatus infuscatus (Salvadori 1884): est et sud de l’Afrique

foto: Mihai Baciu

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